Jusqu’à il n’y pas si longtemps parler de cuir végétal était un simple abus de langage pour parler de cuir à tannage végétal. Mais depuis quelques années, la donne a changé. La recherche a permis de développer :
- l’éco-cuir (mélange de matières naturelles)
- le cuir végan (à 100% issu des plantes).
Afin d’être le plus complet possible, on va détailler les deux aspects dans cet article : Cliquez pour accéder directement à l’une ou l’autre des deux parties
Sommaire
Tous les aspects sont abordés :
- Définition
- Fabrication
- Avantages et inconvénients
J’ai rédigé une check-list qui détaille les 10 points à contrôler, dans un pdf gratuit, pour reconnaître un cuir de qualité (qu’il soit végétal ou non).
Elle tient sur une page que vous pouvez télécharger ici. Comme ça vous pourrez vous assurer que la paire qui vous fait de l’œil est fabriquée avec un bon cuir de qualité.
Cuir à tannage végétal
Commençons par un rappel: le tannage vient après le travail de rivière dans le long processus qui vise à transformer la peau d’un animal en cuir.
Pour résumer: il consiste à transformer une peau très hydratée (donc putrescible) en cuir.
C’est-à-dire un matériau imputrescible, résistant et peu hydraté.
Note: la liste (et les explications) de toutes les étapes se trouve dans l’article qui vous explique comment fabriquer du cuir.
Afin de mieux comprendre le tannage végétal, comparons-le à son frère le plus connu, le tannage minéral.
Tannage minéral
Tout d’abord un peu d’histoire.
Entre 10 000 et 5 000 ans avant notre ère on a constaté que les peaux d’animaux enfouies dans des endroits sablonneux semblent mieux se conserver: c’est le premier tannage minéral au contact d’alunite (un sel d’aluminium).
Depuis le tannage a, bien évidemment, bénéficié des avancées technologiques.
Les agents tannants minéraux les plus utilisés sont:
- les sulfates basiques de chrome (chrome trivalent ou encore chrome 3). Ils représentent 80 à 85% de la production mondiale de cuir.
A la sortie du foulon, on obtient le fameux cuir « wet blue » - les sels d’aluminium. Ils permettent d’obtenir un cuir compact et solide avec de très bonnes propriétés de teinture (le cuir étant blanc après tannage).
Ils représentent moins de 5% de la production mondiale - Les sels de zirconium. Encore plus rares.
On les utilise sur les peaux qui manquent de densité (peaux creuses) car ils ont un effet de remplissage de la structure fibreuse.
Le tannage au Chrome est de loin le plus répandu, car il est peu cher et rapide.
Ne prenez pas le raccourci qui consiste à penser qu’on obtient alors un mauvais cuir.
Tout dépend de la qualité des peaux brutes et du savoir-faire de la tannerie.
Note: en plus de racheter des tanneries, certaines grandes marques passent des accords directement avec les abattoirs pour obtenir les meilleures peaux brutes.
C’est dire si la qualité de ces dernières a son importance.
Le revers de la médaille ce sont les conséquences pour les travailleurs et l’environnement.
Certaines tanneries sont soumises à une réglementation très stricte sur :
- les conditions de travail (protection, ventilation des pièces, stockage des produits chimiques, etc.)
- l’impact sur l’Environnement de leur activité (notamment sur le traitement des eaux usées).
Note: certaines fonctionnent même avec une eau en circuit fermé et ont leur propre station de traitement des eaux usées.
Ainsi elles limitent au maximum leur impact sur l’Environnement.
Malheureusement, ce n’est pas le cas de toutes les tanneries.
Et vous vous doutez bien que sur les 80% de la production mondiale que représente le tannage au Chrome, une grande partie est fabriquée
sans aucun respect de l’Homme et de l’Environnement.
Par ailleurs le cuir tanné au Chrome est souvent pointé du doigt, car le Chrome 3 peut, sous certaines conditions, s’oxyder en chrome 6.
Pourquoi je vous parle de chrome 6 ?
Tout simplement parce que c’est un dérivé du chrome qui peut provoquer de sérieux problèmes de santé (il est même classé parmi les agents CMR).
Voilà pourquoi, en plus des conséquences sur l’Environnement qu’ont les rejets d’eaux usées chargées en métaux lourds, le cuir tanné au chrome est décrié.
Note : En Europe il existe une restriction sur ce produit à 3mg/kg
Pourquoi utilise-t-on du chrome alors ?
La question semble évidente.
Pourtant le chrome confère des caractéristiques au cuir qu’il n’est tout simplement pas possible de reproduire avec un tannage végétal.
Ajoutez à cela, comme je vous l’ai dit plus haut, qu’il agit très rapidement et ne coûte pas très cher et vous avez l’ingrédient miracle pour de nombreux industriels du cuir.
Tannage végétal
Présentation
L’histoire raconte que le tannage végétal a été découvert, comme souvent, par hasard.
Nous sommes 10 000 ans avant notre ère.
l’Homme constate que les dépouilles des animaux qu’il laisse, après la chasse, au pied de certains arbres, ou dans des endroits humides où se sont accumulés bois et écorces, se conservent mieux que les autres.
On peut considérer que cette expérience constitue le premier tannage végétal.
Depuis le processus et les produits ont évolué, mais l’idée de fond reste la même.
Voici quelques exemples de sources de tanins végétaux :
- Les écorces : chêne, mimosa, pin, épicéa, saule, bouleau ou palétuvier.
- Le bois : châtaignier, quebracho, chêne, cachou
- Les racines : bruyères, canaigre
- Les feuilles : sumac, gambier
- Les fruits : mirobolant
Ils sont de forces, de types, de teintes, de concentrations et de qualités différentes.
Par conséquent, ils permettent d’obtenir des cuirs plus ou moins:
- moelleux
- clairs
- foncés
- lourds ou légers
Aujourd’hui, à part quelques rares exceptions, on n’utilise quasiment plus ces produits à l’état 100% naturel.
Ils font l’objet de modifications chimiques afin d’améliorer leur réactivité et d’augmenter leur solubilité.
Note: je vous explique plus bas pourquoi.
Malgré cela, les conséquences sur l’environnement ne sont pas négligeables dans le cas d’un cuir à tannage végétal.
- Pour obtenir les tanins provenant des écorces et du bois il faut abattre des arbres.
- Ces écorces et bois doivent ensuite être traités pour obtenir les extraits tannants.
Ce procédé génère une très forte pollution.
Tout n’est donc pas parfait dans le monde du tannage végétal !
Processus
Alors que le tannage au chrome se fait en 24h (ou moins), le tannage végétal, selon le résultat souhaité, durera de 48h minimum
jusqu’à plusieurs mois (30 jours en moyenne).
Note: on parle uniquement du tannage.
N’oubliez pas qu’il y a aussi le travail de rivière en amont puis le corroyage et le finissage ensuite.
Pourquoi une durée si longue ?
C’est très simple: les sels de chrome, par rapport aux tanins végétaux, ont une forte aptitude à se fixer sur les fibres de la peau.
Dans le cas d’un tannage végétal, il va d’abord falloir traiter la peau par des auxiliaires de tannage (agents acidifiant et déshydratant) qui vont favoriser la pénétration des tanins dans toute la structure de celle-ci.
Mais, malgré cela, les agents tannants naturels ne pénètrent pas rapidement dans toutes les couches de la peau contrairement aux sels de chrome).
Il va donc falloir faire passer la peau dans une série de récipients (foulons ou cuves) contenants des solutions en tanins de plus en plus concentrées.
Si on immergeait les peaux directement dans des solutions très concentrées, on aurait alors un tannage très poussé en surface et les agents tannants ne pourraient pas pénétrer dans toute l’épaisseur de la peau.
C’est en fait comme du pain que l’on mettrait à cuire dans un four trop chaud: on obtiendrait rapidement une croûte tandis que le cœur serait cru.
Selon ce que souhaite obtenir le tanneur, on distingue 4 tannages végétaux:
- le tannage rapide
- le tannage moyen
- le tannage lent
- le tannage extra-lent (de douze à dix-huit mois).
La durée permettra de jouer sur le degré d’imperméabilité, de résistance, de fermeté et de souplesse du cuir.
Note: je vous invite à parcourir cette discussion si vous souhaitez des détails sur ces 4 façons de faire un tannage végétal
Tannage végétal: le cas des peaux lourdes
Ces peaux sont, par exemple, utilisées, dans la chaussure, pour fabriquer du cuir à semelles et des premières de montage.
Note: pour plus d’infos sur ce qu’il se passe une fois que le cuir est fini je vous invite à lire l’article consacré à la fabrication et l’entretien des semelles en cuir.
La méthode de fabrication est différente du cuir à dessus, car on souhaite ici obtenir un cuir très rigide, imperméable et une bonne résistance à l’abrasion pour que les semelles tiennent dans le temps.
Soyez donc vigilants lorsque vous achetez des chaussures montées sur semelles en cuir.
Elles ne se valent pas toutes et je suis bien placé pour vous dire que, juste sur cette pièce, la différence de prix est énorme !
Un cuir à semelle qui est préparé trop rapidement ne sera tanné qu’en surface.
Il a une belle apparence tant qu’il est sec, mais il pourrit dès qu’il entre au contact de l’eau.
Pour mieux se rendre compte de la complexité (en termes de savoir-faire et de matériel) et du coût, détaillons les grandes étapes d’un tannage extra lent pour un cuir à semelles:
- Les croupons sont d’abord suspendus pendant 3 semaines dans des cuves contenant des jus tannants de plus en plus concentrés.
- Ensuite, dans d’autres cuves, les croupons sont couchés horizontalement, fleur en dessus, et on les sort trois fois par semaine pour renforcer les jus. Les peaux y restent 6 semaines environ.
- Vient alors le saupoudrage: on couche les croupons dans un jus concentré, côté fleur en dessus et sur les autres, en saupoudrant chacun de quelques poignées d’écorce broyée (celle-ci sert à maintenir les peaux séparées et à remplacer le tanin qu’elles absorbent au fur et à mesure). Une fois le saupoudrage terminé les peaux doivent être complètement immergées dans le jus pendant 4 à 5 semaines.
- Enfin, pour obtenir un cuir à semelle dur, ferme, lourd et imperméable à l’eau on place les croupons dans ce qu’on appelle des brasseries (pendant une à deux semaines) dans lesquelles ils restent suspendus dans des jus tannants très concentrés dans des conditions de température et d’acidité soigneusement contrôlées.
Encore une fois, il y aura ensuite les étapes du corroyage (teinture, nourriture, etc.) et du finissage.
Le dosage des jus tannants, les durées et conditions d’immersion des peaux et toutes les autres étapes de ce genre de tannage requièrent un savoir-faire d’exception pour obtenir un cuir de grande qualité.
Tannage végétal ou minéral: avantages et inconvénients
Avant toute chose, sachez que les appellations caractéristiques:
- pleine fleur
- aniline
- finition pigmentée
- fleur corrigée
- etc.
s’appliquent à tous les cuirs.
Quel que soit le type de tannage (minéral ou végétal).
Même si le temps est bien plus long ne pensez pas qu’un cuir à tannage végétal sera forcément de meilleure qualité.
Note: je vous l’accorde, prendre autant de temps pour tanner n’importe comment une peau de mauvaise qualité c’est idiot. Mais elle pourra ensuite être vendue comme un cuir végétal ce qui a son importance de nos jours.
Vu la complexité du processus, vous imaginez bien que, comme toujours, tout va dépendre des produits utilisés, de la qualité de la peau brute et du savoir faire de la tannerie.
Voici sous la forme d’un tableau les avantages et inconvénients des deux procédés:
Tannage végétal
AVANTAGES | INCONVENIENTS |
Utilisation d’ingrédients naturels | Le processus est long donc coûteux (même si fait rapidement) par rapport à un tannage au chrome |
Respectueux de l’environnement: un cuir à tannage végétal peut être recyclé | Les cuirs peuvent être sensibles à l’eau et se tacher facilement |
Les tanins végétaux s’oxydent sous l’effet de la lumière et les cuirs se patinent naturellement au cours du temps. | Le nombre de couleurs possibles, lors de la teinture, est limité |
Le tannage végétal rend chaque peau unique | Doit être entretenu très régulièrement |
Le cuir sera plus souple et plus facile à travailler | Le cuir sera parfois trop souple pour certaines utilisations |
Tannage au chrome
AVANTAGES | INCONVENIENTS |
Rapide à réaliser = moins coûteux à fabriquer et plus facile à trouver | (très) Mauvais pour l’environnement |
Le cuir est plus résistant aux taches et à l’eau (il est moins sensible à l’acidité) | Si mal fait le cuir peut craqueler après quelques mois seulement |
La couleur du cuir ne bougera pas dans le temps | La couleur du cuir ne bougera pas dans le temps |
Les possibilités de teintures et finitions sont quasi infinies. | Risque d’oxydation du chrome III en chrome VI |
Ils ont chacun leurs avantages et inconvénients.
En fonction de l’utilisation que l’on souhaite en faire, on privilégiera l’un ou l’autre.
C’est pourquoi, de plus en plus souvent, les peaux (de qualité) font l’objet d’un tannage mixte (végétal + minéral).
Par exemple, chez Jacques et Déméter nous utilisons:
- des cuirs à tannage végétal
- des cuirs à tannage mixte.
Cela signifie que le cuir est re tanné rapidement (et légèrement) au chrome pour le rendre plus stable.
On profite ainsi des avantages des deux procédés.
Cuir à tannage végétal comment le reconnaître ?
Vous voulez vous assurer que le vendeur en face de vous dans le magasin ne vous raconte pas n’importe quoi (oui ça arrive) ?
Vous avez des chaussures / un sac en cuir et vous souhaiteriez savoir si c’est un cuir végétal ou un cuir minéral ?
Voici quelques méthodes pour faire la différence entre les deux:
Note: ces méthodes ont le mérite d’exister, mais elles ne sont pas évidentes à utiliser dans un magasin.
L’odeur
Ce n’est pas la plus fiable, mais c’est malgré tout une bonne façon de vous mettre sur une piste.
Si le cuir à une odeur « chimique » alors il a été tanné au Chrome.
Si ce n’est pas le cas et que vous sentez une légère odeur de sous bois alors il y a des chances que le cuir soit à tannage végétal.
Note: si le cuir ne sent rien, c’est qu’il est recouvert par une couche de plastique. Ce n’est, dans ce cas plus vraiment du cuir.
Attention tout de même: votre odorat peut être trompé par les produits d’entretien éventuellement appliquer sur les chaussures / le sac.
Le test de la rayure
Encore moins évident que de renifler les produits dans le magasin il faut cette fois les rayer légèrement avec votre ongle.
Si la rayure s’efface, sans trop d’effort, en frottant avec vos doigts alors il y a de fortes chances que ce soit un cuir végétal.
– Brûlez-le !
C’est le test ultime.
Mais aussi celui qu’il est déconseillé de pratiquer, car vous risquez de vous faire traiter de fou par le vendeur ou de sérieusement abîmer vos chaussures si vous faites cela chez vous.
Allumez un briquet contre le cuir:
- s’il ne se passe rien (ou que cela produit des cendres grises): vous avez un cuir végétal
- si des cendres vertes apparaissent alors c’est un cuir tanné au chrome
Voilà une bonne partie de ce qu’il y a à savoir sur le cuir végétal à tannage végétal.
J’ai rédigé une check-list qui détaille les 10 points à contrôler, dans un pdf gratuit, pour reconnaître un cuir de qualité (qu’il soit végétal ou non).
Elle tient sur une page que vous pouvez télécharger ici. Comme ça vous pourrez vous assurer que la paire qui vous fait de l’œil est fabriquée avec un bon cuir de qualité.
Le VÉRITABLE cuir végétal
Dans cette partie, nous allons parler de matériaux qui ont l’aspect et les propriétés du cuir (selon leurs inventeurs en tout cas).
Mais ils n’ont aucune origine animale.
On parle alors, encore, de cuir végétal.
Vous comprenez mieux pourquoi je vous disais que ce terme est un fourre-tout en introduction.
Nous allons nous attarder sur deux produits :
- l’éco-cuir
- les cuirs végan
J’ai volontairement choisi de ne pas parler du cuir synthétique (aussi appelé simili, PVC ou Skaï).
Car ce dérivé plastique du pétrole ne présente pas un grand intérêt.
Il est essentiellement composé de fibres de polyamide qui n’ont aucune des caractéristiques qui intéressent les aficionados du cuir.
Eco-cuir : un cuir végétal de synthèse
Ce matériau a été inventé par le professeur et ingénieur américain Richard Wool.
Son invention est tellement prometteuse qu’elle a reçu de nombreux prix.
Notamment le prestigieux World Green Design Award en 2014.
Sa conception repose sur l’association, sous haute pression, de matières naturelles comme :
- Du coton ou du lin ;
- Avec du maïs ou du soja,
- Tout en ajoutant des huiles végétales.
Compte tenu du caractère expérimental de la chose, vous comprenez bien qu’il est délicat d’obtenir plus d’infos sur le processus de fabrication.
On sait, en revanche, que la matière ainsi produite présente des caractéristiques très proches de celles du cuir :
- Résistance à l’eau.
- Perméabilité à l’air.
L’éco-cuir serait par ailleurs plus résistant que le cuir classique et coûterait moins cher en production et serait biodégradable.
Bien évidemment, son impact environnemental est négligeable comparé à son concurrent
Il n’est à ce jour pas encore commercialisé, de grandes marques de sport se sont rapprochées il y a plusieurs années de la Startup créée par le Pr Wool.
Peu d’informations ont fuité depuis.
Mais comme toute nouvelle découverte, il y avait encore pas mal de développements à prévoir pour obtenir une matière utilisable à grande échelle.
Malheureusement,il est probable que la disparition en 2015 du professeur ait ralenti ces travaux (le site de la start-up ne semble plus en ligne).
Je vous invite à regarder Richard Wool parler de son éco-cuir dans cette vidéo (en anglais)
Cuir végan : 100% issu des plantes
Pour rappel (mêle si je suis sûr que vous avez déjà entendu ce terme) un végan ne se réduit pas à un régime alimentaire.
C’est une façon un mode de vie (à la dimension militante et plus ou moins politique) qui exclut tous les produits issus de l’exploitation animale.
Un végan s’interdit toute consommation de produit d’origine animale :
- dans l’alimentation (viande, poisson, lait, œufs, miel, etc.)
- les cosmétiques (cire d’abeille, etc.)
- la mode (laine, cuir, soie, etc.).
Quand on parle de cuirs végan on parle donc de cuirs d’origine 100% végétale.
En résumé : un cuir végan ce n’est pas du cuir.
Voici quelques exemples de cuir végan plus ou moins prometteurs qui auraient des propriétés physiques très proches du cuir avec un impact environnemental quasi nul :
Le Piñatex ou cuir d’ananas
C’est l’Espagnole Carmen Hijosa qui a inventé ce cuir végétal fabriqué à partir des feuilles de l’ananas.
Après mixtion, les fibres de ces feuilles forment un matériau résistant et souple et comparable au cuir.
Comme le cuir classique, il peut faire l’objet d’un finissage pour lui donner une texture particulière (grainé par exemple).
Le cuir d’eucalyptus
Il a été inventé par un Allemand : Fabian Stadler.
Il a eu l’idée d’utiliser cette matière à la robustesse notable dans la fabrication de ceintures
Elles furent tellement bien accueillies qu’il travaille sur une ligne de sacs
Le cuir de champignon
A partir des « chapeaux » de champignons (Phellinus ellipsoideus) et sans tannage chimique, on obtient une matière dénommée « Muskin » (mot valise entre mushroom et skin).
On doit cette invention à une entreprise italienne : Grado Zero Innovation.
Une page entière (avec vidéo) est consacrée à ce produit sur leur site : Muskin – The mushroom peel
Sa ressemblance avec les cuirs suédés serait à s’y méprendre.
Le cuir d’hévéa
On l’appelle aussi « tissu de la forêt » et il nous vient du Brésil.
Oui l’hévéa c’est cet arbre dont la sève permet d’obtenir un latex végétal qui est également utilisé dans la fabrication des semelles en crêpe.
Le liège
Le liège est une matière déjà couramment utilisée dans la chaussure (en garniture de semelle) ou dans la maroquinerie.
Notamment pour ces propriétés : naturel, léger, imperméable et résistant
Ce qu’on sait moins c’est qu’il peut être utilisé de la même façon que le cuir.
Vegea ou cuir de raison
C’est un des petits derniers dans le monde du cuir végan et il nous vient d’Italie.
Il est fabriqué à partir de la fibre contenue dans les peaux et les graines du raisin en utilisant le marc issu de la production de vin.
Teather ou cuir du thé
Des Américains ont utilisé le Kombucha, un thé fermenté à base de bactéries riches en bienfaits, pour fabriquer du cuir.
Selon un mélange de thé, sucre, levure et bactérie, un matériau se crée sur la couche supérieure de cette mixture.
Il s’apparente fortement au cuir.
Cette matière est encore au stade expérimental, car en l’état elle ne résiste pas à l’eau.
Je pourrai continuer en vous citant d’autres exemples, plus ou moins avancés, avec les cuirs de fruits ou les bandes d’algues séchées.
Mais je pense que vous avez compris que ces alternatives sont en plein essor.
Pour le moment, elles ne proposent pas encore un résultat qui permet de faire oublier le cuir traditionnel.
Mais certains résultats sont vraiment prometteurs.
Il y a donc fort à parier qu’elles vont continuer à se développer encore plus fortement.
Comment reconnaître un cuir végan ?
Contrairement au cuir à tannage végétal ici vous n’aurez pas besoin de brûler le cuir ou de le renifler.
Il va falloir s’assurer que le produit en question est labellisé.
C’est la seule façon d’être certain que vous êtes face à un cuir végan.
Le label « Vegan Society » est l’un des plus anciens et donc le plus connu.
Compte tenu de l’ampleur qu’a pris le véganisme ces dernières années les labels poussent comme des champignons.
J’admets que je n’ai plus creusé que cela l’importance à leur accorder.
Soyez donc prudent et renseignez vous avant de leur faire confiance aveuglément.
Cuir végan, avantages et inconvénients
L’avantage principal est la vertu environnementale.
L’impact du cuir végétal est, en comparaison avec le cuir classique, négligeable.
Malheureusement en l’état actuel c’est même sa seule qualité.
Vous imaginez bien que sinon on le trouverait partout.
Pour le moment il est impossible de proposer un produit aussi noble que le cuir classique.
Par noble je veux parler de son aspect unique et de la façon dont il vieillit.
On pourrait même se faire l’avocat du diable en précisant que le cuir végétal épargne les animaux et toute la filière attenante.
Mais les procédés de fabrication utilisent parfois une chimie assez lourde qui n’est pas toujours irréprochable.
L’avenir est sans doute dans ces alternatives, mais je crois qu’à date le cuir a encore de beaux jours devant lui.
J’ai rédigé une check-list qui détaille les 10 points à contrôler, dans un pdf gratuit, pour reconnaître un cuir de qualité (qu’il soit végétal ou non).
Elle tient sur une page que vous pouvez télécharger ici. Comme ça vous pourrez vous assurer que la paire qui vous fait de l’œil est fabriquée avec un bon cuir de qualité.